Vous avez déjà un compte?

Connexion
Un écran d’ordinateur couvert de feuillets adhésifs vierges

Quand c’est trop, c’est trop.

Mark Murrell

Qu’est-ce qui constitue trop de formation?

Voilà une question que je ne croyais jamais devoir contempler, mais il se trouve que trop de formation, c’est possible.

Lorsque nous sommes entrés dans le domaine du camionnage, nous avons découvert une industrie dans laquelle les travailleurs étaient nettement sous-formés. Par rapport aux autres secteurs, le camionnage fournissait (et c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui) très peu de formation. Si l’on songe au nombre de règlements et de principes de sécurité que les conducteurs doivent connaître, en effet, très peu de formation a lieu. Je ne parle pas que des nouveaux venus, mais aussi de la formation en milieu de travail pour les chauffeurs chevronnés. Je comprends la raison pour laquelle cela a été le cas (les énormes perturbations qu’entraîne la formation en salle de classe pour une flotte, et, par conséquent, les coûts astronomiques), mais les gens étaient tout de même considérablement sous-formés. Nous avons offert à nos clients un service de formation par abonnement offrant un accès illimité, et nous leur avons dit de s’en donner à cœur joie. Nous voulions qu’ils fassent beaucoup plus de formation qu’ils n’en faisaient, et tout aussi important, les faire sortir de la mentalité voulant que la formation ne se passe qu’au moment de l’orientation, ou lorsqu’un problème survient.

Il semble, toutefois, que certaines flottes aient pris cela un peu trop à cœur, poussant les limites de la quantité de formation qu’elles peuvent donner à leurs chauffeurs en un mois. Par conséquent, je constate que certaines flottes font maintenant trop de formation.

Bien entendu, je reconnais que c’est étrange pour moi de dire cela. La raison d’être de notre entreprise est de vendre de la formation pour conducteurs, alors logiquement, je devrais me réjouir d’en fournir autant. Je veux vraiment que le plus de flottes possible forment leurs conducteurs, mais, pour chaque flotte, il y a un point où c’est trop, et la formation perd son efficacité.

Formation pour conducteur mensuelle

La situation dans laquelle « il y a trop de formation » survient lorsque les flottes attribuent des formations mensuelles aux chauffeurs. Dans ces cas, elles assignent un bloc de formation chaque mois, et les conducteurs doivent le terminer avant la fin de ce dernier.

En général, c’est une mauvaise idée. Faire de la formation sur la sécurité avec les conducteurs tous les mois, sans exception, est contre-productif.

Attribuer de la formation mensuelle à long terme n’est pas une stratégie efficace pour améliorer les connaissances des conducteurs, la sécurité de la flotte ou la culture d’entreprise. Si les chauffeurs doivent suivre de nouveaux cours chaque mois, ce n’est généralement pas parce que la flotte voit des problèmes et qu’elle veuille les rectifier (en effet, cela ne se passerait pas uniformément tous les mois). La flotte fait peut-être cela parce qu’elle essaie d’adopter l’idée de l’amélioration continue, et souhaite créer une culture dans laquelle les gens apprennent constamment, ou encore, parce qu’elle a entendu dire qu’il faut agir de la sorte, et elle ne fait que cocher la case « formation régulière ». En outre, elle a peut-être ses propres raisons, comme son assureur qui fait pression, ou parce qu’elle espère minimiser ses risques si elle se retrouve devant le tribunal plus tard. Cependant, ces efforts seront en vain.

Pourquoi?

La réponse courte est qu’on ne peut tout simplement pas décharger du contenu sur les épaules de gens, et s’en laver les mains. Il faut prendre le temps d’examiner ce qui se passe une fois que la matière a été attribuée, d’ajuster les plans, de combler les lacunes persistantes, et d’impliquer activement l’auditoire. Tout cela fonctionne main dans la main afin d’améliorer le profil de risque et la culture d’entreprise, mais c’est impossible si on sert du nouveau contenu chaque mois.

Pour maximiser l’efficacité de la formation, il est important de surveiller ses effets au fil du temps, et de prendre des décisions en fonction de ces effets : la formation a peut-être fonctionné à merveille et a résolu un problème, ou peut-être pas. Si on continue d’attribuer de nouvelles matières chaque mois, il ne reste plus de temps pour mesurer leur véritable impact.

En plus de tout ça, chaque personne s’instruit à un rythme différent. Il y a des gens qui aiment apprendre quelque chose de nouveau chaque mois, mais rafraîchir leur mémoire sur des pratiques exemplaires et des règlements existants ne correspond pas exactement à ce qu’ils souhaitent. D’autres personnes ont besoin de plus de temps pour assimiler de nouvelles connaissances et aptitudes, alors les bombarder avec de nouveaux cours les prive de cette possibilité. Bien entendu, les conducteurs en sont à des niveaux d’expérience et de compétence différents, il est donc peu probable qu’ils auront tous besoin du même contenu chaque mois.

Finalement, s’il y a quelque chose à faire tous les mois, cela devient une corvée. Il n’y a aucune chance que les camionneurs trouvent chaque leçon mensuelle pertinente et utile, et cela deviendra donc une chose de plus qu’ils « doivent faire » au travail. C’est la mauvaise façon d’aborder le perfectionnement professionnel, car les avantages à long terme seront minimisés ou disparaîtront, tout simplement.

Une meilleure approche

Alors, que devriez-vous faire à la place? Comment structurer un programme d’amélioration continue de la sécurité qui produit des résultats, qui est plus dynamique, et tout à fait gérable en termes de développement et de mise en œuvre?

Ce n’est pas difficile, mais cela demande une approche différente.

Premièrement, pensez en termes d’une activité mensuelle, plutôt que d’une formation mensuelle. La formation est l’un des éléments, mais il y a d’autres activités que l’on peut incorporer pour appuyer cette formation, et qui sont tout aussi efficaces.

Commencez avec un cycle trimestriel d’activités mensuelles axées sur un sujet en particulier, et qui serait structuré un peu comme ce qui suit :

Ce n’est qu’un exemple, mais il existe beaucoup d’autres variations. Il pourrait y avoir un événement spécial lors d’un mois en particulier, ou quelqu’un peut trouver une vidéo comique sur YouTube en rapport avec le sujet en question. On peut aussi demander aux chauffeurs de publier des photos sur Facebook dans le cadre d’un concours. Ce qui importe, c’est que les activités mensuelles intègrent du contenu propre à l’entreprise, et que les conducteurs aient une chance de participer, plutôt de se faire dire de terminer une tâche.

En combinant ces éléments, on crée un programme plus dynamique, le personnel s’investit davantage, et le contenu est mieux assimilé dans l’esprit et les habitudes de travail des participants.

Si on suit un cycle trimestriel, le rythme des activités donne le temps aux gens de réfléchir à la matière et d’ajuster leurs habitudes quotidiennes en conséquence. Cela permet aussi de consacrer plus de temps à l’analyse des résultats de ces efforts sur le terrain, et de modifier les plans, au besoin. Certaines personnes pourraient avoir besoin d’accompagnement individuel sur le sujet, tandis que d’autres pourraient démontrer une aptitude naturelle dont on peut tirer parti dans les efforts de formation et de coaching.

Notons qu’il y a bel et bien un engagement mensuel auprès des conducteurs. La pratique d’attribution de formation mensuelle a cessé, mais il y a toujours une interaction avec les conducteurs, et le sujet du trimestre fait l’objet d’un examen plus approfondi.

Et la situation est encore meilleure lors d’un audit ou d’un procès. En effet, non seulement la flotte forme-t-elle régulièrement ses chauffeurs, mais elle les implique aussi activement dans le processus, et elle fait évoluer le programme pour répondre aux changements de l’industrie et du lieu de travail. Finalement, puisqu’une main-d’œuvre plus engagée est moins susceptible de quitter l’entreprise, le roulement de personnel s’améliore aussi, et la situation ne fait que s’embellir.

Hum, meilleur engagement de la part des chauffeurs, un meilleur roulement de personnel, et une meilleure situation pour les vérificateurs, voilà des choses qui ne sont jamais en trop.