Comment gérer les changements réglementaires sans perdre la raison (une étude de cas sur les compétences linguistiques en anglais)
Le 6 août 2025
« Pouvez-vous nous remettre un certificat qui atteste que nos conducteurs parlent l’anglais? »
Il s’agit d’une question que nous avons entendue plus d’une fois cette année, surtout de la part de gestionnaires de flotte accablés par la soudaine réapplication de la loi sur les compétences linguistiques en anglais, aux États-Unis.
La confusion se propage, mais la panique aussi. Les flottes se démènent pour décoder ce qui se passe, et ce qu’elles doivent faire. Cependant, l’enjeu réel n’est pas la maîtrise de l’anglais. En effet, c’est l’absence d’un processus fiable au sein d’une flotte pour l’aider à réagir aux changements réglementaires.
Ce phénomène n’est pas nouveau. En 2017, Mark Murrell, cofondateur de CarriersEdge, a rédigé un billet de blogue intitulé « Regulatory Changes, FSMA, and Basic Research » (Les changements réglementaires, la FMCSA et les recherches de base), après avoir reçu un déluge d’appels au sujet de la formation sur la salubrité alimentaire. Le message est toujours pertinent : cessez de vous fier aux ouï-dire et aux « experts » qui vous envoient une facture pour avoir consulté Internet. Apprenez à le faire vous-même.
On voit cette même confusion dans le cadre des compétences linguistiques en anglais, alors servons-nous de cela comme étude de cas. Dans le présent article, nous vous expliquerons la même approche à trois étapes que nous employons pour évaluer toute modification réglementaire :
- Quelle est la nature réelle du changement?
- Comment cela vous touche-t-il?
- Que pouvez-vous faire?
Il ne s’agit pas d’une fiche de recette. C’est un processus reproductible pour vous aider à arrêter de pourchasser les rumeurs et à prendre des décisions éclairées avant que la prochaine vague déferle.
1re étape. Quelle est la nature réelle du changement?
Avant de chercher à savoir quoi faire, vous devez comprendre exactement ce qui change. Cela semble évident, mais c’est là où la plupart des gens trébuchent.
Lorsque le sujet des compétences linguistiques en anglais est redevenu brûlant, un grand nombre de flottes ont présumé qu’une toute nouvelle réglementation était en jeu. Or, le règlement en tant que tel n’a pas changé. L’exigence selon laquelle les conducteurs doivent parler et comprendre l’anglais est stipulée depuis des années. Ce qui est nouveau, c’est le degré de l’application de la loi : les contrôleurs routiers ont maintenant l’ordre d’identifier plus activement les infractions, avec des lignes directrices plus claires provenant de la CVSA sur les éléments à surveiller.
Cette distinction est importante. Si on croit que la réglementation a été modifiée, on risque de réagir outre mesure ou de manquer complètement la cible. Mais si on sait que c’est l’application de la loi qui change, on peut approcher la situation de façon plus stratégique.
Alors, comment peut-on comprendre ce qui change réellement?
- Commencez à la source. Plutôt que de consulter des forums, des vidéos sur YouTube ou des publications dans les réseaux sociaux (dont la plupart ne sont que des interprétations régurgitées), allez directement aux organismes de réglementation. Dans le cas des compétences linguistiques en anglais, cela signifie consulter les sites Web de la FMCSA et de la CVSA, lire les textes réglementaires, les mémos de la CVSA et les bulletins d’application de la loi ou des procédures d’inspection. Cette lecture n’est pas facile, certes, mais il s’agit de la source de vérité la plus fiable.
- Ajoutez le contexte. Parfois, le pourquoi qui se cache derrière une modification peut fournir plus d’éclaircissements que le langage juridique. On ne modifie pas les règlements pour le plaisir. En général, il y a un risque ou un événement précis qui motive la mise à jour. Dans le cas de la maîtrise de l’anglais, c’est une question de sécurité publique : des conducteurs qui lisent mal les panneaux routiers ou qui n’arrivent pas à communiquer des détails cruciaux concernant leur cargaison aux premiers intervenants lors d’un accident de la route. Comprendre le pourquoi aide à mieux interpréter le quoi, et à anticiper le prochain point de mire.
- Examinez la chronologie. Finalement, soyez réaliste quant à la date d’entrée en vigueur du changement, et sachez si l’échéancier est coulé dans le béton. La date de l’application de la loi est-elle officielle? Y aura-t-il un déploiement officieux? Est-il possible que le changement soit retardé ou annulé? Cette question est souvent négligée, mais cela fait toute une différence en ce qui concerne la vitesse de réaction ou la planification d’un déploiement à l’interne.
2e étape. Comment cela vous touche-t-il?
Une fois que vous savez ce qui change, la prochaine étape est de comprendre ce que cela signifie pour vos activités d’exploitation. C’est ici que les flottes commencent à se sentir dépassées, ou pire, elles s’agrippent à une idée vague et s’arrêtent là.
Afin d’évaluer comment un règlement vous touche, vous devez examiner quelles personnes dans la flotte sont concernées, quel en est l’effet à leur égard, et qu’est-ce que cela signifie pour leurs tâches quotidiennes.
Par exemple, dans le cas de la maîtrise de l’anglais, certaines flottes sautent à la conclusion suivante : « Devons-nous commencer à émettre des certificats de compétences linguistiques en anglais? » Tout d’abord, ce n’est pas requis, mais cette réflexion passe à côté de la vraie question. Cependant, si vous posez les bonnes questions, vous comprendrez tout à fait comment cela vous touche :
- Les conducteurs de la flotte dont la langue maternelle n’est pas l’anglais transportent-ils des chargements aux États-Unis, ou passent-ils la frontière à un endroit où l’application de la loi est probable?
- Est-ce que certains de ces conducteurs pourraient avoir de la difficulté à répondre aux questions d’un contrôleur routier ou mal interpréter des directives de sécurité?
- Ma flotte a-t-elle déjà eu des problèmes de communication inscrits à son dossier au cours d’inspections ou de vérifications?
Certains transporteurs américains n’ont pas considéré l’application de la loi sur la maîtrise de l’anglais aussi rigoureusement, car d’après eux, leurs conducteurs étaient à l’abri puisqu’ils avaient « passé » leur orientation en anglais. Mais, ils n’y ont pas regardé d’assez près. Les contrôles routiers évaluent la communication dans des situations concrètes, c’est-à-dire que l’application de la loi est maintenant un enjeu réel et peut entraîner des pénalités, des retards, ou pire, si on n’aborde pas le problème.
Un autre élément de ce tableau consiste à identifier ce qui ne change pas. Dans le cas des compétences linguistiques en anglais, il n’y a pas de nouveau mandant en matière d’examen ni de certificat officiel à recevoir.
Comprendre à la fois les impacts et le statu quo vous évitera de gaspiller des efforts et vous aidera à créer un plan qui fonctionnera vraiment.
3e étape. Qu’allez-vous faire?
La dernière étape consiste à décider des mesures à prendre et à ne pas perdre votre temps sur des trucs inutiles.
Revenons à notre exemple de maîtrise de l’anglais.
Après avoir étudié la réglementation et réalisé que l’enjeu est l’application de la loi lors des contrôles routiers, et non la documentation ou l’apprentissage en salle de classe, on arrive au cœur de la question, et cela n’a rien à voir avec l’émission de certificats. Il s’agit plutôt de prouver que vos conducteurs peuvent fonctionner en anglais quand c’est nécessaire.
Cela signifie que votre plan d’action doit être axé sur :
- L’identification des lacunes potentielles. Qui pourrait avoir de la difficulté dans un scénario de vie réelle? Ai-je un moyen d’évaluer cela?
- Du coaching, pas une certification. Un certificat ne vous aidera pas lors d’un contrôle routier. Mais des jeux de rôle ou fournir du soutien en matière de communication pourrait être utiles.
- L’appui apporté aux gestionnaires de première ligne. Vos équipes de la sécurité et de la conformité devraient comprendre ce que les inspecteurs routiers recherchent et être prêtes à aborder les problèmes de façon proactive.
- Une conversation avec votre assureur. Si les barrières linguistiques posent des problèmes de sécurité ou de responsabilité, votre assureur pourrait vous offrir des outils ou des conseils (et il sera heureux de voir que vous faites preuve d’initiative).
- L’emploi stratégique des systèmes de formation. Bien que CarriersEdge ne puisse pas enseigner des cours de conversation en anglais, nous pouvons aider les flottes à identifier les lacunes en matière de connaissances, et veiller à ce que les conducteurs retiennent des renseignements cruciaux sur la sécurité. Jumelez cela à du coaching interne, et voilà une puissante approche.
Bref, vos prochaines démarches dépendent de la situation de votre flotte. Suivre la méthodologie de « Qu’est-ce qui change » et « Comment cela nous touche-t-il? » fera ressortir la réponse à « Qu’allons-nous faire? ».
Mais si vous sautez les deux premières étapes, vous resterez coincé en mode réaction, pourchassant les listes de contrôle au lieu de résoudre des problèmes.
Ne faites pas que réagir – préparez-vous
Dans l’industrie du transport routier, les changements réglementaires font partie de la vie. Mais, la façon dont votre flotte intervient peut faire la différence entre se démener sous pression et s’adapter en toute confiance à une circonstance.
Pour aider votre flotte à composer avec les récentes mises à jour en matière de compétences linguistiques en anglais aux États-Unis, CarriersEdge a lancé un outil d’évaluation pour sa clientèle. Conçu pour simuler un contrôle routier, l’outil se sert d’éléments audio et visuels afin d’évaluer la capacité d’un conducteur à comprendre les panneaux routiers et à répondre à des questions de base. Il ne garantit pas un laissez-passer dans le cadre de l’application de la loi, mais cela aidera les transporteurs à déterminer les risques pour qu’ils puissent les aborder avant qu’un problème ne survienne.
Le prochain règlement ne viendra pas avec un manuel d’instruction non plus. Mais en se dotant d’un processus reproductible et d’une mentalité proactive, votre flotte ne fera pas que survivre les changements, elle les devancera.